Rapa Nui ou île de Pâques : magique et encore des mystères

3 h 30 d'avion pour remonter de Punta Arenas à Santiago puis 5 h 40 pour l'île de Pâques. A 3800 km des côtes chiliennes et 4100 km de Tahiti, c'est l'une des terres les plus isolées, en plein Pacifique. On est accueilli avec des colliers de fleurs avant de découvrir notre B&B. L'île est petite : 23 x 13 km et forme un triangle avec un volcan à chaque pointe. Un seul village Hango Roa, capitale de l'île de 5000 habitants dont l'habitat est dispersé avec beaucoup de verdure.

Logés à proximité, nous découvrons ces moais en arrivant et ne nous lassons pas des couchers de soleil pendant nos 5 soirées sur l'île. Nous passons une journée à faire le tour des sites majeurs de l'île en voiture avec un guide, puis une autre en voiture pour compléter la visite et retourner sur certains sites avant de faire quelques marches. On apprend que le moai qui parait le plus complet est en fait à moitié faux. Paris Match en 72 a fait refaire le chapeau et lui a mis des yeux. Aucun autre moai n'a d'yeux qui étaient en corail et qui ont diparu.

Notre guide est notre hôte français marié à une Rapa Nui. Il a la passion de l'histoire de l'île.

Il nous apprend que l'origine de ce peuple est pleine d'incertitudes et que les premiers habitants seraient venus du sud, de la polynésie, entre le V et le IX siècle.

La majorité des moais ont été renversés lors des luttes tribales. Des sites ont été restaurés.
L'océan comme la côte sont peu accueillants. 

Ce site a le plus grand nombre de moais : 15. Bien qu'éloigné, on y retourne même au petit matin pour le lever de soleil. Ces moais avaient plusieurs fonctions : tombe des aristocrates uniquement masculins, protecteur du village (ils sont toujours tounés vers le village), pouvoir surnaturel notamment pour régir la société (mana), et même vigile. Ici le plus grand du site fait 3 m de haut. Ils reposent sur un terre-plein : l'ahu. 

Il est truffé de petits volcans qui accompagnent les 3 grands mais ils sont tous au repos depuis longtemps

Dans une carrière de scories rouges, ils taillaient les pukao : chapeau ou cheveux des moais dont les dimensions  impressionnent.
On voit des pétroglyphes dont la tortue, animal sacré (car ramène les bateaux à terre).

Il a servi de carrière pour 95% des moais. Le site était divisé en 6 et chaque quartier était affecté à une tribu organisée avec ses tailleurs, outre l'aristrocratie, les guerriers. C'est un site magnifique et émouvant à la fois avec tous ces moais qui n'ont pas atteint leur destination dressés sur un ahu. Ils étaient taillés directement dans la falaise puis glissaient sur la pente jusqu'à une fosse pour les mettre droit. On y trouve aussi le moai le plus ancien qui aurait servi de modèle et n'a pas été retenu par le roi et des moais de plusieurs générations qui diffèrent par la taille et leur forme.

Nous montons à pied pour voir le volcan de la pointe sud ouest et le village restauré d'Orongo, ou village de l'homme oiseau. Pour mettre fin aux guerres intestines, les tribus ont instauré une compétition entre tribus pour la désignation annuelle du roi. C'est la dernière période (18° s.) avec le culte de l'homme - oiseau. Chaque année, le champion de chaque tribu descendait la falaise du volcan, nageait jusqu'à une petite île où les sternes nichaient et devait rapporter un oeuf entier en haut de la falaise. Le premier arrivé permettait à son chef de devenir roi (voir le navet de K. Kosner : Rapa Nui).

On marche sur la côte ouest sauvage et on s'engouffre dans cette grotte qui est un tuyau de lave avec 2 sorties sur la falaise.

On a beaucoup aimé Rapa Nui qui reste mystérieuse car les péruviens ont enlevé en 1863 la population dont le roi et sa suite avec les sages pour les réduire en esclavage dans les mines de guano au Pérou. La disparition des dépositaires du savoir et de la tradition orale a été catatrophique. On ne sait toujours pas déchiffrer les tablettes rongo rongo qui pourraient apporter un nouvel éclairage sur ce peuple.

Le 20 mars on quitte l'île de Pâques pour Santiago.